De Tafraoute à Foum-Zguid


On a dormi à l’auberge-camping Dar-Lajdoud à Tafraoute où Said nous a reçu comme des princes : 2 chambres autour d’un patio, excellent diner avec tagine au chevreau et petit déjeuner berbère (crêpes, huile d’olive, olives, confitures locales). Said est géologue et a des centaines de fossiles et autres pierres ou météorites à vous montrer. On recommande.


Lever à 7:00, superbe petit déjeuner, on charge les motos, on salue Said et un marcheur qui vient de Manchester et qui a fait le trajet à pied… Il envisage de rester plus d’un mois chez Said. Départ à 8:00 en direction de Zagora, par la piste (il aurait été possible de passer par la route en faisant une large boucle car depuis peu, la route dessert Tafraoute).

La piste commence fort : on s’égare dans le sable et un automobiliste nous dit qu’on s’est planté de piste. On fait demi-tour et on trouve la piste pour Zagora qui commence dans une plaine couverte de sable dur, on roule vite et on rejoint une piste au pied des montagnes qui file vers Zagora.






Aucune difficulté sur une dizaine de km et on arrive dans le sable mou ; on essaie d’éviter la piste en passant à gauche au pied des montagnes mais on se retrouve face à un panneau « terrain militaire » et on ne prend pas le risque d’y pénétrer. Impossible de contourner la difficulté sans entrer dans le terrain, et encore on n’est pas sûrs d’y parvenir en y entrant.

On décide de faire demi-tour et de tenter un contournement par la droite de la piste. On y parvient avec peine en faisant une large boucle mais sans une seule chute (on commence à maitriser...) et on se retrouve de l’autre coté de la difficulté pour constater qu’il y en a une nouvelle : un passage sablonneux infranchissable sur la piste.

On est face à une auberge, improbable ici, affichant "Raids 4x4" d’où un homme sort et discute avec nous. Il s'appelle Ahmed et nous explique qu’on aurait pu entrer dans le terrain militaire et contourner, que les marocains affichent systématiquement « terrain militaire » à moins 15 km de la frontière algérienne mais c’est trop tard, pas question de revenir où on était : on est maintenant coincés entre les deux passages sablonneux.

Il nous propose alors de nous sortir de là en le suivant. On lui propose 50 dirhams pour ça (mieux vaut négocier avant !) et il est d’accord.

Il va chercher sa petite moto et s’engage sur le sable. On le suit avec difficulté, il prend de l’avance et après seulement 1 km Benoit plante lamentablement la BMW dans le sable, il était tellement loin derrière qu’on ne le voyait plus. Il sort le talkie-walkie pour signaler le problème. Pierrick qui était devant et suivait le guide klaxonne pour que notre guide s’arrête et Ahmed fait encore un signe de la main pour qu’on le suive mais voyant que Pierrick fait demi-tour il comprend qu’il y a un problème. Il suit et en voyant la partie émergée de la BMW, il réalise qu’il a à faire à deux blaireaux débutants et il regrette probablement d'avoir accepté pour 50 dirhams. Il doit se demander comment on a bien pu arriver jusque-là sans mettre les motos sur un 4x4 😊.

On relève la BMW à trois, on repart et Ahmed, nous emmène sur du sable à peu près dur en essayant de contourner les dunes. Mais on se retrouve après deux km dans un cul de sac au pied d’une dune. Il monte dessus en canard avec ses claquettes pour voir par où on pourrait passer et revient pour nous expliquer qu’il va falloir passer par-dessus la dune. Prudents, on lui dit qu’il n’est pas question de s’engager là-dedans avec des machines de 200 kg. Il nous convainc de passer en force en nous montrant que ses pieds ne s’enfoncent pas dans le sable de la dune.

On arrive finalement à franchir l’obstacle en poussant chaque moto l’une après l’autre ; deux personnes pour pousser. Et de l’autre côté, on est sur du fech-fech relativement stable qui nous permet de rouler jusqu’à la piste sans tomber. Il faut dire qu’on déploie un canard préventif sur toute la longueur à la sortie de la dune ! On se trouve bien après le passage sablonneux difficile, sur une piste qui semble parfaitement dure. On remercie Ahmed et on lui file ses 50 dirhams. Sans lui, on y serait peut-être encore.

Si vous vous plantez un jour autour du point 30° 38 189 S / 4° 48 622 W... appelez Ahmed ou dormez dans son auberge : aubergedinosaur@gmail.com +212 678 94 23 22.

La piste après se déroule sur une cinquantaine de kilomètres sans difficultés majeures si ce n’est de grosses pierres éparpillées. Avec nos roues de 21 pouces, on roule vite, trop vite, et les pierres cognent dans les roues de la Yamaha qui devient étrangement de moins en moins maitrisable. On s’arrête pour constater que la pression dans le pneu avant est nulle et à y regarder de plus près, la jante est cabossée.

On essaie de regonfler et la pression tient, la chambre a donc une toute petite fuite ou alors c’est la valve qui a une fuite. Comme ça tient, on roule encore, sensiblement moins vite, une quinzaine de km jusqu’au prochain village. Le pneu n’est même pas très chaud et a tenu sur plusieurs km sans pression. J’avais lu ça sur les forums concernant les pneus Heidenau K60 : leur structure très rigide permet même de rouler sans pression. On mesure la pression, on a seulement perdu 0.2 bars.

A l’entrée du village d'Oumjrane, on est abordés par une dizaine d’enfants qui nous demandent de stylos. Ça tombe bien, on en a apporté des stylos publicitaires en quantité. Benoit ouvre la valise qui les contient et en sort une vingtaine. On essaie d’en donner un à chacun mais ils se battent pour en avoir un maximum et les mêmes repassent plusieurs fois. Le partage ne semble pas très équitable ; la prochaine fois on les donnera à un adulte qui fera la distribution.



On regarde plus en détail le problème de la jante et on se dit qu’il faut faire réparer mais que ça tiendra bien jusqu’à Zagora. On nous propose de réparer à coup de marteau sans rien démonter ; on n’est pas très chauds.



On va manger un couscous et, après avoir mis 2.3 bars dans la roue avant de la Yamaha, on repart en direction de Zagora qui est encore à 80 km en empruntant de la route, puis de la piste et encore de la route. Aucune difficulté à signaler sur le parcours.

A Zagora, on va au garage IRIKI, chez Aziz qui est spécialisé en moto. On fait réparer la chambre à air au lieu de la changer (c’était une micro fuite lié au pincement de la chambre), probablement à cause du choc sur les grosses pierres. Ils redressent un peu la jante mais pas trop de peur de la casser (c’est une jante en aluminium). On en profite pour faire laver les motos, nettoyer les filtres à air et graisser les chaines. On leur file 350 dirhams pour le tout.


On repart vers 18:00 pour Foum Zguid qu’on atteindra à la nuit tombée par la route. On aura trouvé des marcheurs au bord de la route, des mobylettes et des vélos, le tout sans lumière. Les voitures roulent vite et même très vite. Il faudra qu’on évite de rouler de nuit à l’avenir.

Arrivés à Foum-Zguid on trouve aisément une auberge à l’entrée de la ville dans laquelle on peut ranger les motos en sécurité. On va bouffer des brochettes au restaurant du coin ! Aujourd’hui, on aura eu un petit déjeuner royal, un couscous à midi, et un festin de brochettes le soir. Le tout excellent. On mange très bien au Maroc !

Ça compensera les jours précédents où on n’a mangé que le soir. On ne comprend pas cette faim soudaine, probablement les calories dépensées dans le sable.

Commentaires

  1. Quelques galères sympathiques visiblement, mais à ce rythme-là vous serez à Dakar la semaine prochaine ! Trouvez-vous une auberge accueillante pour fêter ton anniversaire et prenez du bon temps. C'est pas tous les jours qu'on souffle ses bougies (surtout un aussi grand nombre...) dans un bac à sable !

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