C'est parti !
11:30 départ de Rivesaltes, beau temps, 15 degrés pas mal de vent. Cap au sud sur 4500 km.
L’organisation nous met tout de suite dans l’ambiance : On a un billet électronique dûment estampillé avec son code barre en règle mais on nous explique qu’il faut faire la queue au guichet pendant une heure pour finalement s’entendre dire au guichet qu’il faut rentrer d’abord les véhicules dans le parking sous douane pour avoir un tampon sur le billet électronique qui nous permettra théoriquement, après avoir refait la queue au même guichet d’obtenir le vrai billet ! Super, on a tout compris.
On passe donc les motos dans le parking d’embarquement non sans faire la queue à moto cette fois et à l’accueil on nous dit que le tampon ne sert à rien. On insiste nous disant qu’il nous le faut pour obtenir le billet ! “mais non passez ! Ce n’est pas nécessaire avec des motos. Passez qu’on vous dit !”
Une fois sur le parking, contrôle par la Guardia Civil qui nous fait signe de passer. On insiste un peu :
Nous : oui mais nous on a des carnets ATA à faire valider pour sortir d’Europe !
Eux : Carnets ATA ? Quesako ?
Nous : Vous savez ces carnets qui permettent de passer plus facilement en douane et de laisser les véhicules dans les pays pour des durées indéterminées. Des carnets d’importation quoi !
On montre le document et miracle, deux personnes de la Guardia Civil en ont déjà vu et ils nous expliquent ce qu’on savait : "c’est la douane qui doit tamponner ça !”
Nous : Oui, on s’en doute mais où est la douane ?
Eux : Il n’est pas possible de faire tamponner ça aujourd’hui !
Nous : Pourquoi ?
Eux : Ben, c’est Samedi, y’a pas de douaniers ! Il y en a bien à l’aéroport mais pas au port le Samedi.
Nous : Ah bon ! On fait comment alors ?
Eux (en y allant doucement) : C’est simple ; Il fallait venir hier. Sinon attendez lundi et prenez un autre bateau !
Nous : (on n’est pas franchement effrayés par la perspective de rester, c’est sympa Barcelone aussi) mais... on pourra se faire rembourser nos billets ?
Eux : Il faut voir avec la compagnie, ce n’est pas notre boulot !
En fait on sait bien qu’il n’y a que deux bateaux par semaine et qu’il est peu probable qu’il reste de la place et qu’on nous échange les billets. On commence à hausser le ton un peu.
Nous : On est nous aussi citoyens européens comme vous. Comment se fait-il qu’un port ouvert sur l’Afrique de surcroît n’ait pas de douaniers et laisse donc entrer n’importe quoi en Europe et n’importe quoi en sortir ? On est tous concernés par les questions d’insécurité et d’import illégal... bla, bla bla...
Eux : (un peu consternés) : En leur absence, c’est nous qui contrôlons les voitures et les chargements (et effectivement, ils avaient quelques voitures en cours de vérification sur le parking)
Nous : Si vous faites le boulot des douaniers, pourquoi ne tamponnez-vous pas nos carnets ATA ?
Eux : On n’est pas habilités à faire ça !
Nous : Ne pouvez-vous pas simplement les signer en disant que la douane était fermée ?
Eux : on ne peut pas faire ça !
Et là, leur chef arrive ; Un jeune assez sympa et agacé par la perte de temps de son personnel. On réexplique le problème et il fait téléphoner à la douane de l’aéroport en demandant de faire venir un douanier pour tamponner. Après 15 mn de palabres, la douane refuse en disant “mais ça ne les empêchera pas de rentrer au Maroc”.
On explique que ça nous empêchera de laisser les motos au Sénégal. Et un autre français arrive avec un problème similaire de carnet ATA. C’est un habitué du Sénégal qui confirme nos dires et ajoute que même pour un court séjour, c'est impératif. Il est emmerdé exactement comme nous et un peu agacé, de plus il ne parle ni Castillan, ni Catalan. Il a l'habitude de passer à Algéciras où, dit il la douane est ouverte 24/24 et 7/7.
On demande alors de nous faire un papier qui mentionne que la douane était fermée. Ils refusent mais disent qu’ils veulent bien mettre notre requête dans un fichier qui pourra être consulté par les autres douaniers. On est dubitatifs : Comment un douanier Sénégalais va consulter ça ? ça sent l’embrouille ! On a la vague impression de se faire mener en barco ! On insiste pour avoir un document en papier.
Ils passent quelques coups de fil, défendent leur position et finissent pas céder ! Il font ouvrir une guérite où il y a un bureau, on fournit les cartes grises et les passeports et on obtient pour chacun un papier expliquant le problème en Castillan dans le détail et signé par le responsable de la Guardia Civil. Sur le document figurent les éléments d’identification des motos, etc. ça semble enfin tenir la route et on se dit qu’avec ça, ça devrait passer ! Voici le document miracle, on en a chacun un et le français qui nous avait rejoint aussi :
Restera à faire passer ça chez les douaniers Sénégalais. Espérons qu'ils ne nous demandent pas une traduction certifiée Castillan / Wolof !
Fin de l’incident… à priori !
On remercie chaudement le chef de la Guardia Civil qui nous a finalement été d’un grand secours et on va au guichet pour obtenir nos billets. On doit lui rendre grâce car sans lui on restait à Barcelone ou on ne rentrait pas les motos au Sénégal. Plus bas ça aurait sûrement pu se régler avec un billet dans le passeport mais pas là. Au Sénégal ce sera peut être la solution s'ils n'aiment pas le Castillan. On avisera !
On fait la queue, normal ! Et on nous dit qu’on n’a pas les tampons pour obtenir les billets.
Nous : On nous a dit que ce n’était pas la peine pour les motos !
Eux : Qui vous a dit ça ?
Nous : La personne de l’accueil au parking ! Mais on a nos carnets tamponnés… ça ne suffit pas ?
Eux : Mais non ! il faut voir un agent de la compagnie.
Et on retourne voir le gars dans la guérite de la compagnie qui nous dit encore qu’on n’en a pas besoin. On insiste lourdement et comme n'est pas avare d'encre, il nous met un coup de tampon. Alleluia !
On se refait une queue d’une bonne demi-heure et, miracle ! On nous donne nos tickets. On a gagné !
On va chercher les motos sur le parking pour constater que l’embarquement n’a pas commencé et que visiblement on en a pour des heures. Il est 20:00 l’heure officielle de départ du bateau. Super ! ça tombe bien car on n’a pas bouffé, et on va bouffer le dernier « bocadillo de jamon Serrano con tomate » du voyage.
On reste Zen, on commence à comprendre la logique africaine et on a le sentiment que ça ne va pas forcément s’arranger en progressant vers le sud. Pas grave, on est en vacances !
Génial. Ca a même fait rire mamie dis-donc! Par contre elle a peur qu'on vous enlève parce qu'il y a des enlèvements dans ce pays. Bonne traversée!
RépondreSupprimerVous êtes partis en vacances dans un film de Terry Gilliam ? Brazil ? Ça va être sport !
RépondreSupprimerTu aurais du leur parler en Catalan, l'affaire aurait été rondement réglée...
RépondreSupprimerConnaissant ta persévérance, je ne suis pas étonné du résultat.
Bonne arrivée en Afrique.
Vous auriez du faire votre requête en Catalan...mais connaissant ton caractère je ne suis pas étonné du résultat.
RépondreSupprimerBienvenu en Afrique.
Bienvenu chez said ouyahia a riad nomad
RépondreSupprimerUn vrai régal !!! Ce préambule.
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